Records sur la Manche

Le Naviplane N500 « Ingénieur Jean Bertin » a établi deux records de vitesse de traversée de la Manche :

  • Douvres – Calais en 22 minutes et 15 secondes le 29 février 1980,
  • Douvres – Boulogne Le Portel en 25 minutes le 4 septembre 1981.

Ces records n’ont malheureusement pas été homologués, faute d’huissiers pour les valider… mais ils ont regonflé le moral des équipes !

Douvres – Calais

Jean-François Dimanche : La situation du N500 était vraiment mauvaise : l’appareil était sans cesse critiqué, et notre avenir sur La Manche très incertain.
L’équipe technique est venue me voir pour me demander de faire quelque chose qui améliorerait l’image du Naviplane.

J’ai d’abord envisagé de bloquer le port de Boulogne sur Mer de façon symbolique en faisant une entrée dans le port avec un posé, et hop ! repartir… mais les Affaires Maritimes ont eu vent du projet et j’ai été convoqué par leur directeur qui m’en a dissuadé.

La bonne occasion s’est présentée le 29 février 1980 à Douvres : la mer était plate, le temps légèrement brumeux.
J’ai demandé au pilote titulaire sur le vol (le Commandant Alain Hochet) de me céder sa place au manche.
J’ai ensuite prévenu les contrôles anglais et français que j’allais tenter un record et que je leur donnerais les tops de départ et d’arrivée.

Nous sommes partis pleins gaz et avons passé la digue de Douvres à 50 nœuds.

Après 10 minutes, j’ai annoncé aux contrôles du trafic transmanche le « Mid Channel » (passage du point qui marque le milieu de La Manche) et en même temps 10 minutes de Calais. Personne ne m’a cru !

Nous sommes arrivés sur la plage de Calais à 60 nœuds. J’ai freiné très fort !

Jean-Paul Turquet : Jean-François Dimanche était un pilote exceptionnel, très attendu par les cadres SEDAM à son retour des Emirats pour faire des démonstrations pendant les essais et la mise en route du N500 « Ingénieur Jean Bertin ».
Au moment de ce record, les seuls pilotes SNCF lâchés étaient Jean-Pierre Leroux et moi-même (depuis le 27 avril 1979).
Pour pouvoir commencer les vols commerciaux, on avait bricolé, en accord avec les Affaires Maritimes, un règlement où les pilotes SNCF en formation faisaient les vols en place pilote sous le contrôle de Jean-François Dimanche et Etienne Pahin, puis de Jean-François tout seul en place copilote.
Le responsable du bord (en particulier en cas d’avarie ou de décision importante vis à vis des autorités) restait le pilote SNCF.
Ce record avait été décidé par la SEDAM, après les gros problèmes du départ et pour redorer le blason du Naviplane. A ma connaissance, au départ de ces vols, ni le chef pilote ni moi-même n’avions été mis au courant et je ne suis pas certain que les Commandants Hochet et Lecointre avaient eux-mêmes été mis dans la confidence. En tout cas moi je l’ai appris en lisant la Voix du Nord.

Douvres – Boulogne sur Mer

Jean-François Dimanche : Il y a eu un autre record entre Douvres et Boulogne le 4 septembre 1981, un peu avant l’arrêt du N500 pour modifications.

C’est le Commandant Lecointre qui m’a cédé sa place. Le schéma est le même que pour le record Douvres-Calais de février 1980, sauf pour le top des 10 minutes, car il n’y avait pas de nécessité de s’annoncer « Mid Channel » sur cette route.

Je crois me souvenir que dans les deux cas le navigateur était André Wallyn, un navigateur hors pair.

Jean-Paul Turquet : La vitesse moyenne lors de ce record était donc de 64,8 nœuds.
Bien plus tard, en cherchant dans les journaux de bord, j’ai aussi retrouvé la journée du 16 juillet 83 où le Commandant Guillevic et moi-même avons aligné Boulogne-Douvres et Douvres-Boulogne en 27 minutes – soit une vitesse moyenne de 60 nœuds – et Douvres-Calais en 28 minutes avec des charges de 77/78 tonnes.
Il suffisait d’avoir une mer belle, et avec un petit vent bien placé on arrivait très vite à cette vitesse de 60 nœuds.
Je pense qu’on aurait pu battre ce record mais notre préoccupation principale alors était d’effectuer nos vols commerciaux en toute sécurité, en consommant le moins possible de kérosène.

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