Le Naviplane N122

Le Naviplane N122 n’est pas à proprement parler un prototype car il avait bien pour la SEDAM un objectif commercial, à savoir proposer un aéroglisseur de loisirs.

C’est un appareil biplace en tandem, dérivé de la Maquette Navigante MN3D, qui concentre les résultats obtenus jusqu’alors par la SEDAM sur les diverses maquettes navigantes.

Il a été développé à Berre en 1970 sous la direction de Jean-Pierre Cartry.

  • Longueur : 4m70
  • Largeur : 2m60
  • Hauteur : 1m80

Du fait qu’il s’agissait de produire cet aéroglisseur en série, des partenariats ont été cherchés avec des sociétés à même de le construire.
C’est ainsi que trois modèles ont été réalisés : deux chez Rousseau Aviation en 1970 à Pleurtuit (à côté de Dinard) et un par les chantiers Lanaverre à Bordeaux.

Michel Guédon : C’est moi qui me suis retrouvé sur l’aérodrome de Pleurtuit chez Rousseau Aviation. J’étais là pour fabriquer ces deux prototypes en instruisant le personnel.
Hélas l’époque n’était pas au beau fixe à la SEDAM car nous allions bientôt aborder la vague des licenciements de la fin d’année 1971.
Pour l’anecdote, nous avons eu à Dinard un ami de M. Rousseau (PDG de Rousseau Aviation devenu ensuite TAT) propriétaire d’une île dans la région, qui nous proposait un chèque en blanc pour que nous lui vendions le premier prototype.

Jean-Pierre Cartry : Nous les avons essayés sur le parking de l’aérodrome de Dinard, puis ensuite sur l’étang de Berre et l’un d’eux a été utilisé à la Grande Motte lorsque nous y étions avec un N102. Cet aéroglisseur biplace marchait pas mal. Le principal ennui était l’absorption d’embrun marin par les moteurs, ce qui faisait perler les bougies.
Ils étaient équipés de moteurs Solo (en parallèle avec des Sachs qui étaient pratiquement identiques), 20 CV pour la sustentation et deux moteurs de 7 CV pour la propulsion. Le pilotage se faisait par variation de régime des moteurs de propulsion.
Le moteur de sustentation tournait à un régime bas et ne donnait qu’une dizaine de chevaux. Il aurait fallu un moteur plus petit avec un réducteur, mais le total aurait été plus lourd et plus complexe pour un même résultat. Le rotor de sustentation était une hélice bipale dessinée par Ratier Figeac.
Le système de compartimentage des jupes était semblable à celui du Naviplane N102.

Les performances étaient très bonnes, même sur la houle. La hauteur de fuite du coussin était, je crois me souvenir, de 4 cm, ce qui compte-tenu de la taille de l’appareil était bien. Malgré la présence de divers hors-bords sur l’Étang, et il y en avait, je ne me suis jamais fait gratter.
Il a été également développé à Berre un inverseur de poussée d’hélice inventé par Marc Faure. C’était une boite placée en arrière de l’hélice qui canalisait le flux et, à la demande, le renvoyait vers l’avant.

Par la suite, chez Rousseau Aviation, il a été monté une cabine dont la masse était assez importante. Je n’ai pas utilisé cet appareil ainsi modifié, c’est Jean-Pierre Lataste qui l’a fait. Il semble que le centrage était très avant et que les caractéristiques de vol étaient dégradées.

Jean-François Dimanche : A la fin des années 80 / début des années 90, j’ai eu comme client un mécanicien de Rousseau Aviation qui se souvenait de mon nom et qui m’a dit qu’il y avait des restes d’aéroglisseurs dans le fond d’un hangar à Dinard. En 1997 j’ai profité d’un entrainement là-bas pour aller voir mais il n’y avait malheureusement plus rien.

Dans le film suivant, on voit les essais des divers modèles du Naviplane N122 chez Rousseau Aviation sur l’aéroport de Pleurtuit et sur l’eau à Dinard (film de Michel Guédon).

Jean-Pierre Cartry : J’avais gardé une liasse de plans et en 1982 ou 1983, deux copains en ont construit chacun un à Chambéry et nous avons navigué avec sur le Lac du Bourget.